VERY VERT…

Vincent Van Gogh, Le jardin du poète

Ce sera un blogue en plusieurs langues. Ça parlera de mes jardins et de mes collections: de mots, de couleurs et de plantes. Je jardine en anglais et à la sauce latine; je fais de la littérature en français; je vis mes amours et amitiés en d’autres langues encore. Beaucoup (trop) de mots, de bruit…

Au musée, je suis silencieuse. Comme d’autres à l’église, je vais m’y recueillir, aussi tôt que possible les jeudis matins. Parfois les lundis. Cet hiver, je me suis rendue compte de mon amour pour le vert. Ça m’a transpercé les entrailles, comme un coup de foudre, comme une épiphanie. On se croit amoureuse du bleu, de toutes ses nuances, et puis, vlan! On se tient seule devant Vincent*, devant ses espoirs (il attendait impatiemment l’arrivée de Gauguin à Arles lorsqu’il peignit ce jardin qu’il semble lui dédier**) et on se rend compte qu’on a vieilli et que le vert, ô! le vert, c’est la couleur qui nous manquerait le plus si on la perdait un jour… Tous les verts, les gais et les perdus tout autant. Je reviendrai à ces mots anciens.

* Il signait ses oeuvres de ce mononyme. Alors, on peut dire Vincent, je crois. Comme on dit Novalis ou Sting.

* * Les lettres de Vincent mentionnent une passion pour le ‘mariage’ qui unit Pétrarque et Bocaccio: il y suggère qu’il serait ce dernier et que Gauguin serait Pétrarque, qu’ils vivraient comme ces poètes amis: pour et dans l’art. La maison jaune, leur sanctuaire; le jardin d’en face, le reflet de leurs espoirs. (Utopie qui ne durera pas: aussitôt arrivé à Arles, Gauguin ne veut qu’en repartir).

Extrait de la lettre du 3 octobre 1888 de Vincent à Gauguin:

“Pour la chambre où vous logerez j’ai bien exprès fait une décoration, le jardin d’un poète (dans les croquis qu’a Bernard il y en a une premiere conception simplifiée ensuite). Le banal jardin public renferme des plantes et buissons qui font rever aux paysages où l’on se représente volontiers Botticelli, Giotto, Petrarque, le Dante et Boccace. Dans la décoration j’ai cherché à démêler l’essentiel de ce qui constitue le caractere immuable du pays. Et j’eusse voulu peindre ce jardin de telle façon que l’on penserait à la fois au vieux poete d’ici (ou plutôt d’Avignon), Petrarque, et au nouveau poète d’ici – Paul Gauguin.”

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